Entre la radiation à vie de Laurent Gbagbo et les irrégularités contenues dans la liste électorale provisoire, la polémique continue d’enfler sur le processus électoral et la crédibilité de la CEI, à un peu plus de deux mois des élections locales prévues le 2 septembre prochain.
Le président de la Commission électorale indépendante multiplie les sorties sur les plateaux télé. Ainsi, après NCI, Coulibaly Kuibiert était sur la chaîne nationale pour parler de la liste électorale dont il minimise les irrégularités. Le président de la CEI explique partout les raisons pour lesquelles l’ancien président, Laurent Gbagbo, est radié à vie de la liste électorale. En réaction, le Parti des peuples africains, PPA-CI, le parti de Gbagbo, galvanise ses troupes en expliquant que c’est par crainte de la popularité de l’ancien président que le pouvoir instrumentalise la CEI. C’est également ce que croit le parti démocratique de Côte d’Ivoire, PDCI, dont le président a dénoncé le juridisme dans lequel la CEI se complaît, selon lui. Pour Henri Konan Bédié dont la position avait déjà été exprimée par le porte-parole du parti, il faut re-inscrire Laurent Gbagbo sur la liste électorale. Quant au leader du Cojep, Charles Blé Goudé, souvent critiqué par ses anciens camarades, il a estimé que le chef de l’Etat doit rencontrer ses prédécesseurs pour régler cette question, lui-même étant concerné. Simone Gbagbo, l’ancienne épouse de Laurent Gbagbo, qui a créé depuis son propre parti politique, s’est aussi montré préoccupée par la question et a demandé au chef de l’Etat de prendre une loi d’amnistie pour solder ce contentieux. Mais Alassane Ouattara n’a toujours pas officiellement réagi. Seul le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a tranché la question dans le vif en indiquant que le chef de l’Etat n’a pas à intervenir dans une décision de justice. Ces tensions sociopolitiques ont été scrutées par la conférence épiscopale de Côte d’Ivoire dont le président, Mgr Marcellin Yao Kouadio a dénoncé une démocratie armée ainsi que l’humiliation quotidienne du peuple, lors de la clôture des travaux de la 123è assemblée plénière des Evêques de Côte d’Ivoire. Quatre jours après cette déclaration, le chef de l’Etat a nommé les personnalités qui vont siéger comme conseillers au conseil constitutionnel dont la présidente, Chantale Camara, avait été désignée le 9 mai 2023. L’ancien procureur de la République, Richard Adou, fait partie de cette liste. La personnalité de M. Adou est devenue clivante depuis de nombreuses années. On l’accuse en effet d’avoir passé par pertes et profits les pérégrinations meurtrières du gbaka vert avant et pendant les élections de 2020, alors qu’il n’avait pas hésité de mettre en accusation toute la classe politique de l’opposition pour avoir créé le conseil national de transition (CNT) qui espérait renverser le chef de l’Etat.
Sévérine Blé