Le nouveau Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, nommé le vendredi 5 avril 2024, par le président Diomaye Faye, a la charge de conduire un gouvernement de 25 ministres, dont quatre femmes, largement composé de visages nouveaux pour le grand public, et novices au niveau ministériel. «Il est temps que la France lève son genou de notre cou, qu’elle nous foute la paix». Cette déclaration en 2021 de Sonko avait fait la Une des journaux. Maintenant aux affaires, restera-t-il droit dans ses bottes?
Dans sa nouvelle mission régalienne, Sonko a « fait du Sonko ». « Le gouvernement ici mis en place ce 5 avril 2024 est un gouvernement de rupture« , a-t-il indiqué.
L’ex-opposant sénégalais, Ousmane Sonko avait affirmé également en 2021 qu’il est bien temps que la France cesse d’interférer dans les affaires intérieures des pays africains. Pour ce panafricain, il est inadmissible qu’après temps d’années d’indépendance, les peuples noirs continuent d’être sous dominé sous l’emprise de Paris. C’est à l’occasion d’une conférence de presse à Dakar que Sonko, député d’alors du Pastef s’est voulu intransigeant. Le président Faye a du reste affirmé qu’il souhaitait « une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive ». Il ajoute que « C’est un gouvernement qui incarne le projet, une transformation systémique plébiscitée par le peuple sénégalais le 24 mars à travers une élection au premier tour avec 54,28% des suffrages » de Bassirou Diomaye Faye, selon Ousmane Sonko.
Diomaye Faye, prône un nécessaire recalibrage et rééquilibrage des relations. La France semble pas s’ y opposer. Le président Macron a affirmé qu’il se réjouissait de travailler avec les nouvelles autorités. Bien sûr, certains sont inquiets par rapport à des propos antérieurs « il est temps que la France lève son genou de notre cou », faisant référence au « let me breathe » de George Floyd et ajoutant « il est temps que la France nous foute la paix ». Il semble que depuis il ait sérieusement ripoliné son discours au regard de sa nouvelle casquette.
Maire de Ziguinchor, il a soutenu et accueilli dans sa ville l’ouverture d’un magasin Auchan, pourtant considéré par certains comme un symbole de la tutelle économique française. Rappelons que la bâtisse avait été saccagée et pillée durant les manifestations de mars 2021. Entre les discours dans l’opposition, et la réalité de l’exercice du pouvoir, il y a souvent un hiatus.
Enfin, sur le franc CFA, le président tout comme son Premier ministre semblent engagés pour mettre un terme à ce système monétaire, mais à quel rythme ? Dans quel espace : la CEDEAO, la zone franc, l’échelle nationale ? Souhaitent-ils aller plus loin que la proposition de l’économiste togolais Kako Nubukpo qui dans un premier temps suggère un changement de nom ? À ce stade, il y a encore beaucoup d’interrogations.
AR Regtoumda